L’alimentation est un univers aussi riche qu’étonnant, et au détour des traditions les plus communes, on peut y découvrir des habitudes culinaires hors-du-commun. À travers l’histoire ou à travers le monde, nous allons nous pencher quelques instants sur ces façons de manger plutôt insolites, du moins pour nous, européens du XXIe siècle.
Assez parlé de diététique et de perte de poids, laissons place pour ce dernier article de l’année 2021 à un peu plus de légèreté et d’exotisme. Pour ce faire, je vous ai concocté un petit menu entrée-plat-dessert, un peu particulier. 😉
Des plats d’hier
Non, nous n’allons pas parler des soupes de topinambours ou des purées de rutabagas de nos grands-mères, mais plutôt des mets et festins des peuples anciens ou des premiers explorateurs.
🐜 Entrée : les termites au beurre
Dans son Journal des voyages et des aventures de terre et de mer, l’écrivain Hector France décrit en 1903, un met consommé en Inde, en Afrique et à Java : les termites au beurre. Nourriture courante pour les peuples autochtones, ces « fourmis blanches » sont consommées crues ou frites dans du beurre, et dégagent une « légère saveur de plume brûlée ».
Les insectes comestibles sont d’ailleurs une excellente source de protéines et d’oligo-éléments. Les termites sont apparemment une nourriture très fortifiante et nutritive. On le croit, mais avant d’aller faire un tour au grenier pour un petit apéritif original, on va peut-être se rabattre sur une bonne saucisse séchée de Lozère, non ? 😄
🐟 Plat : la soupe de poisson perpétuelle
Asseyez-vous avec quelques amis, autour d’une grande marmite d’eau bouillante, contenant des poissons entiers, des crustacés et des carcasses de poissons. Puis, servez-vous un petit bol de bouillon, croquez un poisson, rongez-le, et rejetez ce que vous ne mangez pas dans la marmite : les os, la tête, les arêtes, les écailles. Laissez refroidir le tout. Le lendemain, rajouter au bouillon de la veille, un peu d’eau et quelques poissons frais, puis recommencez votre goulu festin !
Ce récit provient du Monseigneur Tuquetil, appelé aussi « l’apôtre des esquimaux », qui rapporta en 1935, au retour d’une de ses missions, cette expérience culinaire originale qu’il eût un soir en compagnie d’Inuits. Là, on est vraiment dans une démarche zéro déchet ! Et, le côté « perpétuel » en moins, un bouillon ou une soupe de poisson le lendemain d’un gros repas, c’est l’top !
🦌 Dessert : le sorbet au sang de renne
Fraîchement chassé par les Lapons des montagnes suédoises, le renne est consommé dans son entièreté – l’équivalent nordique du « tout est bon dans le cochon ». D’après les récits du siècle dernier de l’ethnographe suédois Ernst Manker, le sang est notamment transvasé dans la panse vidée et nettoyée de l’animal puis conservé gelé… à la température ambiante. Une glace riche en fer et pauvre en sucre, on pourrait presque dire que c’est un « des cerfs équilibré » ! 😅
Des plats d’ailleurs
Éloignons-nous quelques instants sur les autres continents, pour découvrir quelques plats et traditions qui changent de notre repas « à la française », mais qui sont toujours consommés de nos jours. À tester donc, on vous met quelques recettes. 😉
🥚 Entrée : les œufs de cent ans
Les œufs de cent ans sont une spécialité chinoise, qui comme son nom l’indique est élaborée avec des œufs de poule, de canne ou de caille, mais nul besoin d’attendre cent ans pour les déguster (si le cœur vous en dit) puisque la recette ne nécessite que (!) 3 semaines. L’œuf cru, encore dans sa coquille, est mélangé délicatement dans un mélange de chaux, de cendres et d’aromates (agrumes, thé, épices), puis ils sont bouillis et mis à macérer entre 16 et 18 ans dans des jarres remplies du liquide cuisson refroidi. Après cette espèce de fermentation, le jaune est devenu vert foncé et le blanc est devenu marron. Pas très ragoûtant de prime abord, mais le pire, c’est l’odeur. L’œuf écalé se déguste froid avec de la sauce soja, de l’huile de sésame et du gingembre. Si vous êtes joueur mais pas patient, rendez-vous dans une épicerie asiatique pour tester. Bon appétit !
🍔 Plat : rendez-vous au Heart Attack Grill
Pour le plat, nous n’allons pas parler d’un aliment en particulier, mais d’un restaurant, ou plutôt d’un fast-food. Direction le Heart Attack Grill à Las Vegas (USA), qui comme son nom l’indique est aux antipodes de l’alimentation diététique et savoureuse, une sorte d’anti-Brigade de Véro, qui ne fait pas dans la dentelle en termes de calories, quitte à faire dans le grotesque. Ce restaurant à thème propose des doubles, quadruples ou octuples burgers pouvant contenir jusqu’à 1 kg de viande et près de 8000 calories (4 à 5 jours de nourriture). L’objectif du gérant est de « fournir la nourriture la plus malsaine possible, chacun étant responsable de son alimentation ». Une pancarte indique même à l’entrée : « cet établissement est mauvais pour votre santé ». Plutôt honnête finalement.
Toutes ces calories devraient vous faire relativiser vos petits excès du réveillon, non ? (voir notre article sur les fêtes et la perte de poids). Sur Internet, vous pouvez regarder quelques vidéos sur ce restaurant bien trop connu, mais nous n’allons pas en faire la promotion ici, évidemment, c’était juste pour l’anecdote. Et si un jour, vous passez par le Nevada, prévenez votre cardiologue ! 😂
🥧 Dessert : la tarte au vinaigre
D’origine nord-américaine, la tarte au vinaigre est un dessert classique des pionniers américains, qui face à un manque de nourriture ont redoublé d’ingéniosité pour élaborer des recettes avec très peu d’ingrédients. On parlait même à cette époque de desperation pie, les tartes du désespoir. Cette « tarte de grand-mère » d’Amérique du Nord, est un peu comme notre gâteau au yaourt, une sorte de madeleine de Proust, qu’on ne fait plus beaucoup à l’âge adulte, mais qui ravive bien des souvenirs une fois qu’elle est en train de cuire.
Bien que l’idée de mettre du vinaigre dans un dessert puisse vous rebuter, c’est apparemment un dessert délicieux, sucré et acidulé.
Voici la recette pour que vous puissiez tester chez vous et nous en dire des nouvelles.
1 pâte à tarte (sablée)
3 œufs
1 tasse de sucre
1 cuillère de beurre
1 cuillère de cannelle
3 cuillères de vinaigre blanc
Battre les jaunes avec le beurre fondu et le vinaigre.
Ajouter la farine, puis les blancs montés en neige.
Ajouter le sucre et la cannelle. Bien mélanger le tout.
Verser sur la pâte abaissée et faire cuire 25 minutes à 160°C (four déjà chaud).
Bien laisser refroidir et servir.
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Et voilà pour cette mini revue de plats ou habitudes insolites, mais qui n’ont finalement rien à envier à nos escargots, nos cuisses de grenouilles, nos andouillettes ou nos fromages. 🐌
Et vous, est-ce que vous avez le souvenir de plats « étranges » que vous avez mangé durant votre enfance ou parmi les voyages que vous avez pu faire ? Si c’est le cas, n’hésitez pas à nous en faire part en commentaire. 😉
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Sources
- Les gastronomes de l’extrême. Bruno Fuligni. Editions du Trésor. 2015
- Les horreurs de l’alimentation. Hector France. 1903
- La cuisine des pionniers d’Huguette Couffignal. Robert Morel. 1969
- Les Lapons des montagnes suédoises. Ernst Manker, Gallimard. 1954
- Jusqu’au dernier « Mangeur-de-cru ». Mgr Tuquetil, Spes Paris. 1949
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Heart_Attack_Grill
- https://travelfoodatlas.com/century-egg
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