Un mois après les fêtes, les chocolats sont (normalement) terminés et le chapon est largement digéré. Mais il n’est pas rare de ressentir un « petit coup de mou » au cœur de l’hiver. C’est d’ailleurs à cette période qu’a lieu le « Blue Monday » (ou lundi de la déprime), qui est – apparemment – le jour le plus déprimant de l’année, au regard d’un grand nombre de paramètres concordants à cette période comme l’ensoleillement faible, la reprise du travail après le week-end, la fin du mois qui approche et la désillusion des premières résolutions qu’on n’arrive (déjà) pas à tenir !

C’est aussi à cette période qu’on remarque chez beaucoup de gens – en dehors de toute pathologie – des signes de fatigue, d’irritabilité, de peau abîmée, de « brouillard mental » ou de baisse de moral. Serait-ce la faute de notre corps qui n’a que trop accumulé de « toxines » durant les fêtes, et, qui se manifeste par un besoin d’éliminer ? Peut-être. Toujours est-il qu’avec le printemps et la fin de l’été, le mois de janvier est très populaire pour ses cures « détox » et autres régimes « purifiants ». Y-a-t ’il un soupçon de vérité derrière ce concept, ou est-ce juste une tradition « santé » aux relents marketing qui se perpétue ? Voyons cela sans plus attendre, en toute objectivité. 

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Il y a « détox » et « détox »

La détox, c’est un concept bien large et qui couvre de nombreux domaines (le bien-être, la biologie, la naturopathie, la diététique, etc). Cependant, il n’existe pas de définition officielle. Ce qui complique un peu la tâche pour définir les contours de notre problématique. 

Disons, pour simplifier, qu’il y a les fonctions d’éliminations naturelles de notre corps, qui contribuent au maintien de l’homéostasie (état d’équilibre viable). Cette détox-là est aussi vieille que notre ADN, mais elle est surtout « autonome » dans le sens où – tout comme notre immunité – nous ne pouvons pas agir directement dessus par la simple volonté. 

Notre corps n’a pas attendu la « détox » pour trier les molécules qui lui sont utiles de celles qui lui sont inutiles (déchets métaboliques, cellules mortes…) voire néfastes (métaux lourds, xénobiotiques, résidus de médicaments, pesticides, acides…). 

Ensuite, il y a la « détox » en tant que concept « healthy », qu’on voit fleurir sur Internet, dans les vitrines des parapharmacies, sur Instagram, dans les magazines, etc. Derrière ce concept, il y a l’idée selon laquelle on accumulerait, à certains moments, des déchets et des toxines que notre corps ne serait plus capable d’éliminer. Notre corps devient une poubelle et on tombe malade… Ce n’est pas aussi simple que ça et beaucoup de marques et d’influenceurs comptent sur la naïveté des gens pour leur vendre des produits miracles. 

Mais bien souvent, c’est un concours de circonstances qui nous fait « ne pas être bien » plus qu’un unique coupable qui nous intoxiquerait. Donc une réponse simple et immédiate à un problème complexe et long, ce n’est pas la bonne solution. L’objectif est louable, mais les moyens mis en œuvre et l’intention derrière ce concept de détox ne sont, à mon avis, pas très bienveillants, à quelques exceptions près.

Rappelons enfin, que le concept de détoxification n’est pas un terme médical mais bien commercial.

La meilleure toxine, c’est celle qui n’existe pas

Avant même de vouloir se « détoxifier », cherchons donc à ne pas « s’encrasser » le corps avec des polluants et molécules délétères (tabac, excès d’alcool, particules fines, radon, pesticides, graisse en excès, etc). Car la meilleure des toxines, c’est, avant tout, celle qu’on n’a jamais absorbée. 

La prévention, encore une fois, est un excellent outil pour se prémunir de risques éventuels notamment dans le domaine alimentaire, que ces risques soient vrais ou pas d’ailleurs. Que risque-t-on à éviter une molécule qui nous serait délétère ? Si elle l’est vraiment, bingo, on l’a évitée ! Si elle ne l’est pas, tant pis, on n’en avait pas besoin de toute façon.

Nos organes n’ont pas besoin de nous ! La meilleure chose qu’on puisse leur faire, c’est de les laisser tranquilles, et de leur faire confiance. Des milliers de générations avant nous ont vécues sans « détox », et pourtant, notre espèce à bien réussie à évoluer, puisqu’on est bien là aujourd’hui pour en parler. 

Ce qu’il faut, c’est aider notre organisme à s’aider lui-même en ayant une bonne hygiène de vie. La plupart du temps, se lancer dans une cure « simple » et non restrictive, ne détoxifiera pas votre foie directement, mais en se mettant dans un mode de vie plus sain, on minimise la survenue de maladies qui se seraient peut-être déclenchées sans cela. Le mieux c’est de respecter notre organisme avant tout, et de lui donner les nutriments nécessaires à son bon fonctionnement. Pour le reste, il saura se débrouiller seul. 

Quid des compléments alimentaires ?

La prise de compléments détoxifiants n’est pas forcément utile. Prenez plutôt deux, trois nuits de sommeil complet, allez marcher au soleil, profitez de la pleine nature, mangez plus de légumes et buvez plus d’eau. Prenez du temps pour vous, en somme. 

Si jamais cela ne suffit pas et que vous n’avez pas de symptômes inquiétants, une petite supplémentation peut-être envisagée. Je ne suis jamais contre, à partir du moment où c’est bien réfléchi et pris avec parcimonie. Si un outil peut nous aider à aller mieux, pourquoi s’en priver. Vouloir être « une meilleure version de soi-même » n’est pas une honte. Au contraire, c’est une belle opportunité.  

Les compléments pour soutenir les fonctions hépatiques et rénales, ou pour se remettre d’une infection digestive (gastro-entérite, diarrhée) peuvent être utiles, et sont quasiment sans aucun risque, si la posologie et les contre-indications sont respectées. Au mieux, ça aide à vraiment apporter le petit plus qu’il nous manquait, au pire ça ne fait rien de spécial. Donc, tant qu’on n’y met pas tout notre salaire, pourquoi pas.

Il y a aussi l’effet placebo, qui peut nous aider à améliorer notre moral et à nous mettre dans un nouveau rituel de « selfcare ». L’important au niveau des compléments alimentaires classiques (drainage du foie, probiotiques, vitamines, etc), c’est de ne pas compter uniquement sur eux et de ne pas les prendre en première intention, mais bien – comme leur nom l’indique – en complément d’une alimentation variée, d’un bon sommeil et d’une activité physique régulière.

⚠️ Attention aux mélanges ! Faites une cure à la fois, et ne cumulez pas tous les compléments possibles, au risque d’obtenir finalement l’effet inverse.

Ce que vous trouverez en magasin bio ou en pharmacie, peut donc vous être utile, à partir du moment où cela s’inscrit dans une vraie démarche qui vise à prendre soin de vous dans la globalité. Faites-vous aussi conseiller par quelqu’un de compétent comme une diététicienne micronutritionniste, un herboriste ou un phytothérapeute.

Gare aussi aux nouveaux produits, que vous trouverez sur Internet et qui proviennent de l’étranger. Favorisez les laboratoires français (comme pour les aliments, une filière plus courte et plus surveillée, c’est un risque amoindri de dérives intermédiaires) ou européens, ainsi que les produits simples, sans molécules « spectaculaires » ou « dernier cri ». 

En conclusion, les compléments alimentaires, ce n’est ni tout noir, ni tout blanc, ça dépend vraiment de votre profil et de votre hygiène de vie. Il y a du bon et du moins bon avec ce genre de produits, et comme en diététique, la clé, c’est l’individualisation de la prise en charge.

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La détox ce n’est pas un concept « tout pourri » à rejeter en bloc puisque nos organes (notre foie, nos poumons, nos reins, nos intestins) sont eux-mêmes des nettoyeurs professionnels, et ce, depuis notre naissance (et même avant !). Le hic avec la détox, ce n’est donc pas l’idée de vouloir « se nettoyer » de l’intérieur, mais c’est plutôt de vouloir passer outre le fait que notre corps sait « faire sans nous ». 

Il faut d’abord regarder les causes de notre mal-être ou de nos maux avant de vouloir éteindre les symptômes. Si notre corps va mal, ce n’est pas à cause d’un « défaut de détoxifiants » mais bien souvent à cause d’un « excès de négligence générale » : trop de gens se font du mal à ne pas se faire assez de bien. La détox, c’est mal si on s’en sert mal et avec de mauvaises intentions. Par contre, si on s’en sert comme une étape intermédiaire et temporaire d’un processus plus grand, qui vise à vouloir être en meilleure santé, là oui, pour moi, c’est utile.

Sources

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  1. Intéressant

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