On a tendance à penser que le poids, c’est la santé, et que tout kilo perdu aura pour conséquence l’amélioration de cette dernière. Or, ce n’est pas vrai. Le poids corporel d’un individu ne permet de conclure que… sur sa masse. Celle-ci ne pouvant refléter à elle-seule l’ensemble des paramètres biologiques d’une personne. Bien que pratique, économique et rapide, « la pesée », n’est pas l’indicateur idéal pour diagnostiquer notre état de forme. Il nous faut trouver d’autres manières de procéder.

La santé est un concept multifactoriel. Ce n’est pas parce que votre poids est en dehors des « normes » (normes édictées par l’industrie pharmaceutique et les assurances) ou éloigné de la moyenne nationale, que vous êtes en mauvaise santé. 

On peut très bien être en surpoids, mais avoir un très bon « tableau clinique », c’est-à-dire peu de cholestérol, pas de risque de diabète, pas d’hypertension, pas de troubles ostéoarticulaires ni de risque de démence. À l’inverse, un poids qui décroît, une maigreur qui s’installe ou un point d’IMC en moins, ne sont pas obligatoirement synonyme de bonne santé métabolique. 

Le poids est un indicateur qui donne une idée de la masse du corps. On l’évalue généralement à l’aide d’un pèse-personne. Mais, à lui seul, il ne saurait être un indicateur pertinent pour évaluer l’état de santé global d’un individu. Surtout que, parfois, c’est même l’inverse : quelques kilos en plus peuvent vous être bénéfiques.  Enfin, l’idée selon laquelle il existe un poids idéal autour duquel la santé est garantie, est fausse.

🛡️ Le surpoids est protecteur 

Rien ne permet d’affirmer que le poids corporel constitue à lui seul un facteur de risque de maladie ou de mortalité élevée. L’exercice physique et l’alimentation jouent un rôle primordial dans notre santé – les modes de vie sédentaires et les régimes riches en graisses saturées, en sucres ajoutés, en sodium et en calories excessives sont fortement corrélés au développement du diabète de type 2, des maladies cardiaques, de l’hypertension, etc. Cependant, rien ne prouve que l’excès de poids soit à l’origine de maladies. L’hypertension, les maladies cardiaques et les maladies coronariennes, par exemple, sont toutes des maladies qui apparaissent également chez les personnes minces. Plusieurs études suggèrent qu’une plus grande quantité de graisse corporelle pourrait même avoir un effet protecteur sur certaines maladies. 

Par exemple, une étude a révélé que les hommes obèses en bonne santé ont un taux de mortalité deux fois moins élevé que les hommes maigres en mauvaise santé. D’autres études montrent que les personnes obèses souffrant d’hypertension vivent beaucoup plus longtemps que les personnes minces atteintes de cette maladie, et qu’elles ont moins de risques de subir une attaque cardiaque ou de mourir prématurément. De nombreuses recherches concluent que l’amélioration des facteurs liés au mode de vie, comme l’augmentation de l’activité physique, l’abandon des régimes drastiques ou l’arrêt du tabac, ont un effet beaucoup plus profond sur la santé globale que la perte de poids.

Selon une vaste étude de 2013, menée sur un panel de près de 3 millions de personnes, un léger surpoids (IMC < 27) augmenterait l’espérance de vie, toutes causes confondues. Le poids parfait n’est donc pas forcément celui qui est préconisé par les médecins (tables d’IMC). 

⚖️ Quelle différence entre le poids de forme et le poids idéal ?

Le poids de forme correspond au poids auquel « on se sent bien ». À ce poids, on est bien dans sa peau et on tombe rarement malade (on se sent vraiment en forme, d’où son nom). Le poids de forme est personnel. Une personne qui fait la même taille que nous peut être plus à l’aise avec 5 kilos de plus que vous, sans pour autant être en mauvaise santé ou en surpoids.

Le poids idéal est un poids théorique – estimé à partir de formules mathématiques. Il n’a rien d’idéal puisqu’il ne fait que confondre les concepts de poids et de santé. Le poids idéal est un poids rêvé, pas un objectif à atteindre. Si nécessaire, visez toujours votre poids de forme (vous seul le connaissez) plutôt que votre poids idéal. Notre poids idéal étant bien souvent plus petit que notre véritable poids de forme.

😔 La grossophobie médicale

La plupart des médecins pensent que les femmes obèses ont un « métabolisme malsain ». Ce terme englobe la tension artérielle, le taux de cholestérol, de triglycérides et de glucose dans le sang, ainsi que d’autres mesures de la santé du cœur et des artères. Or, ceci est une idée reçue, car il existe bel et bien des personnes qui présentent un surpoids métaboliquement sain : tous les feux sont au vert, sauf le poids !

Des chercheurs de l’Université du Minnesota ont évalué près de trente études et ont conclu qu’il n’y avait « aucune relation claire entre la perte de poids et les paramètres habituels pour la santé ». En d’autres termes, perdre des kilos n’a pas permis de réduire de manière significative la pression artérielle, le risque de diabète ou le taux de cholestérol. CQFD.

Une étude de l’université de Californie réalisée sur plus de 40 000 participants a permis de mettre en évidence que 2 personnes sur 3 obèses ou en surpoids avaient des taux de lipides et de glucose parfaitement sains, ce qui signifie qu’elles étaient en bonne santé cardiométabolique. En revanche, 30 % des participants de poids dit « normal » présentaient des taux malsains de ces marqueurs. 

« Le poids n’est pas un indicateur de bonne santé. »

Personne ne peut donc dire si une personne est en bonne santé ou non sur la base de son seul poids. Même un spécialiste.

Face à une personne obèse ou en surpoids, la plupart des médecins ont un comportement grossophobe. Une pesée, et hop ! « Madame, vous êtes grosse, vous êtes malade, il faut absolument perdre du poids ». Leurs conclusions sont hâtives et leurs mots sont tranchants. C’est un pas de côté, si ce n’est un pas en arrière, quand on sait qu’en médecine, l’important c’est « d’abord, de ne pas nuire ».

Poids et santé - Jeune femme ronde avec un pèse-personne à la main.

🪞 Le poids est quand même un critère important

Attention, tout cela ne veut pas dire qu’il faut négliger son poids pour autant. Il est intéressant de le suivre sur le long terme, mais il ne faut pas compter que sur lui pour conclure que vous êtes en bonne ou en mauvaise santé. 

Ce n’est pas parce que vous pensez avoir « trop de poids » (comparé à des tables théoriques) que vous avez forcément du « poids en trop ». On l’a vu, un léger surpoids est parfois protecteur, mais cela dépend si on parle de tissu maigre ou de tissu gras. En effet, selon certaines études, il vaut mieux tabler sur un surplus pondéral provenant des muscles ou de la graisse sous-cutanée, que de la graisse viscérale. La composition corporelle étant un outil bien plus intéressant que le poids seul, n’hésitez pas à faire un bilan auprès d’un nutritionniste diplômé pour savoir si les quelques kilos que vous avez « en trop » sont intéressants ou pas pour vous. 

N’oublions pas que notre corps vieillit en même temps que nous (notre peau, nos cheveux, nos réserves de graisses, nos os…) et que l’état naturel des choses, c’est d’avoir plus de poids à 70 ans qu’à 35. De nombreuses industries (pharmaceutiques, cosmétiques…) veulent vous faire croire le contraire. Mais, pour atteindre son poids de forme, il faut parfois juste chercher à « moins grossir » dans le temps, plutôt que chercher à retrouver la ligne de ses 20 ans à tout prix. 

🍜 Les autres repères pour évaluer sa santé

Il existe d’autres repères non médicaux (en plus du poids) pour tenter d’évaluer le risque que vous faite encourir à votre organisme. Se fier uniquement aux chiffres sur la balance pour évaluer sa santé, c’est comme regarder la jauge d’essence pour savoir notre voiture est en bon état. Ca n’est pas pertinent.

Pour être plus objectif, vous pouvez notamment regarder les paramètres suivants, ils seront plus faciles à interpréter et à modifier au quotidien que vos « kilos » :

  • Le nombre de verre d’eau que vous buvez dans une journée 
  • Le nombre d’heure de sommeil réparateur (à optimiser)
  • Le nombre de verre d’alcool bu sur la semaine (à minimiser)
  • Le nombre de minutes actives (ou non assises) passées dans la journée (à maximiser)
  • Le nombre de pas réalisés dans la journée (à maximiser)
  • Le nombre de portion de légumes consommées par jour (à maximiser)
  • Le nombre de barquette « La Brigade de Véro » dégustées par mois (à optimiser)
  • La quantité de produits transformés que vous avez remplacés par des produits bruts…

Vous voyez, on peut monitorer sa santé de manière ludique, sans pour autant se peser ou se comparer aux autres. Alors, vos kilos, vous les remplacez par quoi ?

🍉 Dois-je arrêter de me soucier de mon alimentation ?

Non, évidemment, car l’alimentation n’a pas qu’une incidence sur le poids, mais bien sur tous les autres paramètres de la santé. Et c’est peut-être ça le secret, prendre soin de soi, tout en faisant passer le poids après d’autres raisons : mieux respirer, mieux dormir, éviter les douleurs, refaire du sport, faire des économies, être autonome… Tant de manières de prendre sa santé en main, sans passer par la balance.

L’important c’est d’avoir le bon poids (sans s’enfermer dans un cadre trop strict) par rapport à notre génétique, notre morphologie et notre mode de vie. 

***

Pour conclure, rappelez-vous que vous n’êtes pas le poids qui s’affiche sur la balance ! 

Sources :

  • Flegal KM, Kit BK, Orpana H, Graubard BI. Association of All-Cause Mortality With Overweight and Obesity Using Standard Body Mass Index Categories: A Systematic Review and Meta-analysis. JAMA. 2013
  • Darmon P. Intentional weight loss in older adults: useful or wasting disease generating strategy? Curr Opin Clin Nutr Metab Care. 2013
  • Hunger, J.M., Smith, J.P. and Tomiyama, A.J. (2020), An Evidence-Based Rationale for Adopting Weight-Inclusive Health Policy. Social Issues and Policy Review.
  • https://sante.lefigaro.fr/article/le-cerveau-decide-de-notre-poids-pas-nous
  • https://www.gros.org/grossophobie-medicale

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