Qu’est-ce qu’un label ?

Les labels sont des logos officiels qui permettent de distinguer certains aliments en fonction de leur qualité et de leur origine. Ses produits alimentaires sont réglementés et leur bonne utilisation est normalement garantie par l’État français et par l’Europe. Un produit est dit « labelisé » lorsque figure sur son emballage un logo ou une mention relative à ces qualités. 

Le label n’est pas une information obligatoire. Il existe des labels normés qui répondent à un cahier des charges précis (AOC, AOP, IGP, AB…) et des labels privés qui sont créés par les industriels ou les marques pour mettre en avant leurs produits (produit de la ferme, qualité certifiée…). 

La liste des labels 

Des explications sur les différents logos et labels alimentaires sont déjà largement disponibles sur de nombreux site internet de qualité (ici, ici ou , ou encore ici). C’est pourquoi nous n’allons pas refaire une liste qui ne ferait que les décrire. Nous préférons discuter ici de leur utilité et de la manière de les aborder quand on fait ses courses alimentaires.

Collection of environmental friendly typography vectors

Les labels ne servent pas les consommateurs…

Ils prêtent à confusion

Le nom du produit, la liste d’ingrédients, le tableau nutritionnel, le prix, les promos, les allégations, le logo, etc. Bref, aujourd’hui les emballages sont saturés d’informations ! 

On ne sait même plus quoi regarder : trop d’info tue l’info. Un label perdu parmi toutes ces formes et ces couleurs agit comme un repère, pour rassurer le consommateur et lui faire dire « ah, ça je connais, donc je fais confiance ». Une stratégie de neuro-marketing efficace, mais surtout pour ceux qui vendent, pas pour ceux qui achètent. 

Par exemple, l’appellation « produit à la ferme » ou « produit fermier » ne veut rien dire en soit, et pourtant ça attire l’œil et ça nous donne l’impression d’avoir fait un geste citoyen qui « sauverait presque les petits paysans ». Or, cette fameuse « ferme » peut très bien être une usine, un hangar, un entrepôt, un atelier ou encore un préfabriqué. Il n’y a quasiment aucune chance pour que votre viande de veau ou votre fromage de pays proviennent d’une belle bâtisse en pierre ou en bois située au milieu d’un champ de fleurs. La plupart des vraies fermes paysannes ne vendent pas leurs produits via des supermarchés. Ces derniers ont besoin de garanties, sur des volumes constants et réguliers, ce que la paysannerie ne peut pas vraiment offrir. La qualité oui, la quantité non. Certains veulent les deux à tout prix…

Ils sont mal compris par les acheteurs

La quasi-totalité des labels tombent dans l’oreille d’un sourd. En effet, mis à part 5 labels (Label Rouge, Agriculture Biologique, AOC, Viande de France et Max Havelaar), les labels alimentaires ne sont pas compris par les consommateurs. Lorsqu’on leur présente des labels, seulement 15% à 40% (selon les labels présentés) des gens étaient capables de les reconnaitre puis d’en donner la signification. 

Ils ne sont présents que sur des produits emballés

Pas besoin de vous faire un dessin, il faut bien un support pour coller une étiquette et donc un emballage. Et qui dit emballage, dit produit industriel. Vous verrez rarement sur un marché des légumes frais, du poisson, du fromage à la coupe, de la viande ou des yaourts entourés d’une ribambelle de carton et de plastique. Les labels « grand public » sont arrivés en même temps que la création des premiers supermarchés, il y a moins de 100 ans. Les produits de « qualité » n’auraient-ils qu’un siècle d’existence ? Difficile à croire.

Ils ne garantissent pas une alimentation équilibrée

Un label c’est un arbre qui cache la forêt. Rien ne suppose que le produit sera bon pour la santé. Ce n’est pas parce qu’il répond à un certain savoir-faire ou qu’il provient d’une région particulière qu’un aliment labélisé vous aidera à équilibrer votre alimentation. Il n’y a donc aucune corrélation entre la consommation d’un produit labellisé et l’équilibre nutritionnel. 

Le « bio » est un exemple bien parlant. On peut manger tous les jours des sucreries issues de l’agriculture biologique, cela nous sera plus délétère que de manger des fruits et des légumes non bio.

… mais les distributeurs.

Le premier objectif des labels c’est de vendre plus. Et ça marche ! En général, un produit labelisé se vend davantage que son équivalent non-labelisé.

Tout comme les autres mentions non obligatoires (Nutriscore, allégations, illustrations…), les labels n’améliorent pas intrinsèquement la qualité nutritionnelle d’un produit. Sans le logo, le produit ne change pas. Si les industriels se plient à des cahiers des charges (parfois très peu contraignants) c’est par pur marketing. Alors que dans le fond, ils pourraient le faire volontairement (sans cahier des charges extérieurs) et sans s’en vanter (sans label sur l’emballage), pour l’éthique et la santé du consommateur. 

Label ou pas label, j’hésite

Si vous hésitez à acheter un produit et que vous vous demandez si son label vaut le coup ou pas, c’est certainement que ce produit n’est pas fait pour vous ! 

Car cela veut dire que vous ne connaissez pas le produit, vous l’avez pris « au hasard » parce que l’emballage ou une promotion vous a attiré vers lui. 

Car vous êtes à coup sûr dans un supermarché qui vous propose une offre pléthorique d’aliments, sans le conseil, sans le lien et sans la possibilité de poser des questions à une personne qui connait le produit. Celui-ci est certainement passer par 3 ou 4 intermédiaires. Quand on y pense, c’est un peu comme avec le Nutriscore, les labels n’existent que sur les produits industriels et transformés, sur les marchés ils n’existent quasiment pas. En nous proposant des produits soi-disant de meilleure qualité, on nous offre finalement une solution à un problème qui n’existait pas. Ne faudrait-il pas à l’inverse tirer les produits vers le haut et indiquer « produit peu qualitatif » sur les aliments produits sans aucune contrainte en termes de qualité ou de nutrition ? Voire même partir du principe que c’est aux produits non bio de faire l’effort d’indiquer sur l’emballage qu’ils ont été « produits à l’aide de pesticides ». Le débat est ouvert.

Car vous ne regardez finalement pas les bonnes informations. Vous êtes victime de la « cacophonie alimentaire ». Face à ce trop-plein d’informations, de couleurs, de logos, de chiffres, de prix, vous ne savez plus vraiment pourquoi vous achetez ce produit. Votre vision en « prend plein la vue », elle est comme saturée d’information, et notre côté rationnel est mis de côté, on achète de manière compulsive ou impulsive.

Nos autres sens ne sont que très peu mis à profit à cause des emballages : le toucher, le goût, l’odorat sont relégués au second plan, alors même que ce sont les sens les plus proches de l’acte de se nourrir. Les emballages, encore une fois, y sont pour quelque chose. Une véritable perte de sens en quelque sorte. Et face à cette perte de repères, les labels nous aident à retrouver du sens et agissent comme un ancrage psychologique : « j’ai déjà vu ce label, je crois qu’il est bien, donc ce produit sera bon pour moi ». Ce qui n’est pas forcément vrai.

Un train peut en cacher un autre

Un label ça permet de montrer la partie invisible de l’aliment (sa provenance, son mode de production…). Or, les industriels choisissent ce qu’ils veulent montrer et mettre en avant, et occultent d’une certaine manière ce qu’ils ne veulent pas montrer. C’est un peu comme une annonce immobilière, seuls les « bons » côtés d’un bien seront mis en avant. Vous ne verrez jamais un jambon estampillé « AOC de Provence & Label Rouge, mais avec des nitrites artificiels ajoutés et du sirop de glucose raffiné ». 

Un label c’est donc aussi un moyen de cacher les lacunes d’un aliment tout en mettant sur un piédestal les quelques qualités qu’il a. 

Pour tenter de contourner ce « détournement de regard » que nous font faire les distributeurs, on peut se poser quelques questions avant d’acheter : Est-ce que ce petit surplus de qualité vaut le coup ? Est-ce qu’il permet de compenser les « mauvais côtés » (qui ne sont jamais mis en avant) de l’aliment ? Quelle est la part de cet aliment dans mon alimentation ? Ou encore, achetez-vous ce produit car il est vraiment meilleur que tous les autres ou parce que vous croyez qu’il est meilleur ? Achetez-vous ce produit labélisé parce que celui-ci « tirera » votre santé vers le haut ou parce que vous voulez être la « personne qui » mange des produits labélisés ? Pas facile de s’y retrouver dans cette jungle.  

Faut-il donc faire l’impasse sur les produits labélisés ? 

Oui et non.

Dans la mesure du possible, il est conseillé de s’approvisionner au plus proche du producteur (circuit-court). D’ailleurs, ces produits-là n’ont tout simplement pas de labels. Non pas que le label soit « mauvais » en soi, mais simplement parce que ces produits ne sont pas « labellisables ». Pour les produits que vous consommez en grande quantité il n’est pas forcément recommandé de se fier aux labels, cherchez la qualité « directe ». Dans tous les cas, ne vous laissez pas avoir par une mise en avant purement marketing qui finira généralement par un achat dont vous n’aviez pas besoin.

Par contre, si vous avez l’habitude de prendre quelques produits labélisés et que ceux-ci vous correspondent, alors oui vous pouvez continuer à les consommer. Ce qui importe c’est de ne pas se fier qu’aux labels pour vous nourrir. L’équilibre alimentaire ou la liste des ingrédients (additifs notamment) devrait primer sur la simple présence d’un label. Eh oui, je viens de dire à demi-mots que le Nutriscore est peut-être plus utile (ou moins inutile) que les labels pour faire vos courses. 🤪

Donc, pour se rassurer et faire un choix entre deux produits vraiment identiques, oui. Mais si la qualité d’un produit vous importe, il faudra surtout regarder du côté de la provenance ou de la liste des ingrédients (voir l’échelle ci-dessous).

Pour résumer un peu tout ce que l’on vient de dire et pour vous aider à placer les labels dans votre processus d’achat, voici un classement des différents critères qu’on peut mettre en perspective pour prendre une décision :

Proximité (local/circuit-court/français) > Transformation (brut, légèrement modifié, peu transformé) > Mode de production (bio, conversion, raisonné) > Ingrédients (peu nombreux, sans additifs, non raffinés) > Qualité nutritionnelle (équilibre global, densité nutritionnelle) > Allégations (sans sucre ajouté, sans sel, sans huile de palme…) > Labels qualité (AOC, AOP, IGP…).

On voit donc que les labels peuvent être utiles mais qu’il y a beaucoup d’autres choses à regarder avant de faire son choix.

Le meilleur des labels qualité n’en est pas un

Selon moi, le meilleur gage de qualité d’un produit alimentaire, ce n’est pas une étiquette (de plus) sur un emballage, mais le rapport de proximité qu’il existe entre un consommateur et un producteur. Autrement dit, ce sont les produits vraiment locaux, les circuits-courts, les AMAP, les marchés de producteurs ou la vente directe. Ces manières de consommer resserrent les liens de confiance entre ceux qui produisent et ceux qui consomment.

Votre marchand aura cultivé ou choisi lui-même en amont ses produits. Et s’il estime que la qualité n’est pas au rendez-vous, il ne se fournira même pas ou ne mettra pas en vente ce produit (au lieu de le déguiser sous un argumentaire fallacieux). Il sait aussi qu’un client insatisfait plusieurs fois de suite ira voir au stand d’à côté. Alors qu’en réalité, quand vous n’êtes pas satisfait d’un produit dans un rayon de supermarché, vous ne changez pas de supermarché, vous prenez juste le produit de l’étagère du dessous… parce qu’en plus cette semaine il est en promotion.

C’est pour cela que dans la majorité des cas, le meilleur des « labels qualité » c’est bien le sourire de la crémière, la gouaille du poissonnier ou le conseil avisé du maraîcher. Une carte postale très pittoresque me direz vous, mais quand vous (re)commencez à faire l’expérience véritable (pas juste en vacances ou pour chopper une bouteille chez le caviste) des achats alimentaires locaux ou via l’approvisionnement en circuit-court, ça change un peu la vie. Ça prend du temps c’est sûr, mais il ne faut pas oublier « qu’on est ce qu’on mange ». À chacun de mettre ses priorités là où il le souhaite. 

Passer de 5% de produits non issus de supermarché à 95%, c’est possible, mais honnêtement ça demande de changer un peu son mode de vie, sa façon de penser et parfois aussi son lieu de résidence. Et faire le pari de la qualité alimentaire, c’est faire un pari 100% gagnant à tous les coups. Comme souvent en diététique et en alimentation, il faut viser le progrès, pas l’excellence. Une marche à la fois, et au bout de deux ou trois ans on se rend compte qu’on a quand même bien changé. Cela fait du bien au portefeuille, au corps et à l’esprit. 

Un petit défi « zéro déchet » (plus de vrac et moins d’emballages) ou une « routine marché » hebdomadaire par exemple, ce sont des initiatives personnelles qui rassérènent et qui permettent de recréer ce lien perdu entre notre vie quotidienne et notre nourriture. 

Essayez-donc et dîtes-nous en commentaire ce que ça vous apporte au quotidien ! Et d’ailleurs les labels, vous y prêtez attention vous ? 🤔

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Une petite astuce pour manger en circuit-court et consommer des produits de qualité ? Essayez une de nos box « La Brigade de Véro » pour une expérience éthique, saine et vraiment gourmande.

Sources :

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