La diététique est un domaine plein de superstitions, de mythes et d’idées reçues. Parfois même, on se perd et ne sait plus quoi penser ni qui croire. Et même si on les connait, il est bien difficile de se les enlever de la tête tellement elles sont ancrées dans l’inconscient collectif. Faisons donc un petit rappel de base pour démêler le vrai du faux en matière de perte de poids. Voici sans plus attendre les 10 idées reçues les plus communes sur le poids et la perte de poids.
« Suer plus pour perdre plus »
La mode des combinaisons de sudation, le sauna ou encore le yoga chaud (bikram) sont autant de méthodes vantées pour leurs bienfaits sur la perte de poids. Erreur. Si l’on perd effectivement du poids, il faut savoir que c’est principalement de l’eau (sueur) et que celle-ci est très rapidement reprise dans les 24 heures qui suivent la période de sudation intense. D’ailleurs, le processus de sudation est un phénomène quasi passif qui ne nécessite pas de dépense énergétique interne, donc suer plus ne vous fera pas perdre un gramme de graisse. Le froid, au contraire, entraîne frissons, grelottements, tremblements et mouvements musculaires. Tout cela active le métabolisme. S’exposer au froid vous fera vraiment brûler des calories, tandis que l’excès de chaleur n’aura aucun impact sur votre poids. Mais au fait, savez-vous ce que devient la graisse une fois qu’on l’a éliminée ?
« On ‘‘brûle’’ notre graisse »
On pense souvent que les graisses que l’on perd lors d’un régime ou d’un rééquilibrage sont « brûlées » sous forme de chaleur ou éliminées par les urines. Or, 90 % de la graisse est éliminée par les voies respiratoires sous forme de dioxyde de carbone (CO2) ! Donc, plus on mobilise son système cardiovasculaire, plus on est à même de profiter de la lipolyse (dégradation des adipocytes). Allez souffler un bon coup dehors lors d’une marche rapide ou d’un petit footing, c’est l’idéal pour perdre du poids ! Eh oui, le sport est un fidèle allié pour mener à bien votre perte de poids. Cependant, ce n’est pas toujours vrai. Voyons pourquoi au paragraphe suivant.
« Le sport fait maigrir »
« Le sport permet de perdre du poids ». Qui irait contredire cela ? En effet, l’activité physique quotidienne est recommandée pour maintenir sa santé. Celui-ci est présent à tout moment de notre vie, à l’école, au collège, au lycée, dans nos loisirs, lors de nos déplacements ou même lors de prescriptions médicales. Mais alors, pourquoi le sport ne fait pas maigrir ? En fait, il y a une petite subtilité : le sport ne fait pas maigrir… à lui seul. En effet, bon nombre de gens se mettent à faire du sport en parallèle de leur régime, sans pour autant perdre un gramme. Deux raisons à cela, la première, c’est qu’ils surcompensent la dépense calorique en mangeant davantage après le sport. Résultat, on a un bilan calorique positif et le corps se remet à stocker l’énergie en excès sous forme de graisse. Si votre appétit augmente plus vite que votre dépense calorique, alors il faut diminuer le volume d’entrainement, sinon cela deviendrait contre-productif. Deuxièmement, il se peut que votre activité physique vous fasse prendre un peu de muscle (surtout si vous n’en aviez pas suffisamment à la base), voire un peu d’eau (pour compenser la sudation inhabituelle). Dans ce cas, le poids peut augmenter légèrement au début, mais cela est bénéfique sur le long terme : plus de muscles, ça signifie plus de dépense énergique de repos et une meilleure propension à créer un déficit énergétique. Donc le sport, ça peut faire maigrir, à condition de maintenir un déficit calorique constant.
« Les aliments gras font grossir »
D’un point de vue métabolique, les graisses alimentaires que l’on consomme se stockent plus « facilement » puisqu’elles sont déjà présentent sous forme de triglycérides et d’acides gras. Néanmoins, il faut un surplus énergétique pour que ces dernières soient stockées. Si ce n’est pas le cas, elles seront directement utilisées comme carburant. Donc, pas de raison d’éliminer le gras de votre alimentation. Une autre raison pousse à croire que les aliments riches en graisse font grossir : les lipides sont plus denses énergétiquement que les autres nutriments (9 kcal par gramme vs 4 kcal par gramme pour les protéines et les glucides). Ainsi, un petit excès de ces aliments aura davantage tendance à augmenter l’apport calorique d’un repas et donc la prise de poids. Mais, cela n’est pas systématique, et dépend encore une fois de notre bilan calorique à la fin de la journée. En résumé, il n’existe pas d’aliment qui fait grossir, tout dépend des quantités consommées et des besoins de l’individu. Si le gras fait grossir, c’est surtout « dans la tête ». Mais aussi dans les cuisses me direz-vous !
« Un régime permet d’éliminer la cellulite »
Les cuisses, les hanches, les fesses, vous avez peut-être eu, un jour, un drôle de regard dans le miroir en découvrant votre peau bosselée à cause de la cellulite. Pourtant, la cellulite est totalement naturelle et toutes les femmes (et même certains hommes) en ont, mais à des degrés divers. La cellulite est un amas graisseux en forme de capiton qui se créé sous l’épiderme, mais celle-ci n’est pas forcément liée à votre alimentation, c’est plutôt une caractéristique génétique. Un régime seul, ne vous fera pas perdre votre cellulite. C’est même parfois le contraire, car en perdant du poids, la peau aura davantage tendance à venir se « coller » au muscle en dessous, comprimant alors la cellulite qui sera entre les deux. Cette dernière est un tissu gras fibrosé qui ne s’élimine pas au même rythme que la graisse de stockage sous-cutanée classique ou que la graisse viscérale. Il n’est donc pas rare de voir apparaitre sa cellulite à des poids « intermédiaires ». Mais, pas de panique, la cellulite n’est généralement pas une fatalité, elle peut être réduite avec le sport et d’autre méthode de raffermissement. N’oublions pas que la cellulite est un « problème » uniquement pour nos standards de beauté modernes, car, à l’instar des boutons ou des poils, c’est un phénomène totalement naturel. La faute à qui ? Aux industriels, à la mode, aux producteurs de cosmétiques et aux vendeurs de régimes !
« L’obésité, c’est une question de volonté »
On pense souvent que les personnes obèses ou en surpoids sont des personnes qui mangent trop, qui n’ont pas de volonté ou qui sont addictes à la nourriture. Et pourtant, contrairement à ces idées reçues, l’obésité est belle et bien une maladie officielle. Elle correspond, selon l’OMS à une pathologie de la surproduction de cellules graisseuses (en nombre et en volume) qui est liée à un excès d’énergie alimentaire et à un déficit de dépense d’énergie, mais aussi à près de 25 autres facteurs non individuels comme le niveau de vie, la prédisposition à la naissance, la profession, la pollution, la discrimination, l’âge, etc. Donc, la prochaine fois que vous voyez quelqu’un se moquer d’une personne obèse, rappelez-lui qu’il ou elle est grossophobe et que c’est exactement la même chose que d’insulter une personne cancéreuse ou atteinte d’un handicap. Et enfin, un régime, ce n’est pas un médicament miracle, si ça marchait, ça se saurait !
« Un seul repas suffit pour prendre du poids »
Il est impossible de prendre du poids (ou plutôt de la graisse) en un seul repas. Vous pouvez essayer, mais les quelques dizaines de gramme de stockés ne joueront pas sur la balance, et seront bien souvent compensés au repas suivant. La prise de poids est un phénomène lent, qui se réalise sur plusieurs jours, voire semaines. Donc, pas de panique si vous avez « craqué » ou si vous avez mis en pause votre rééquilibrage. Votre corps sait se réguler et au pire, vous pouvez toujours compenser volontairement en mangeant moins aux repas suivants.
« Arrêtez les féculents »
Le mythe des 3P a la vie dure. Le pain, les pâtes et les pommes de terre ont été accusé, un temps, d’être les principaux responsables de la prise de poids. Or, on s’est rendu compte que ces aliments ne font absolument pas grossir, et peuvent sans aucun problème, être intégrés à un régime alimentaire équilibré. Les diététiciens recommandent même que les féculents représentent entre 40 et 60 % des apports quotidiens. Une bonne base solide, permet à l’organisme de rechercher naturellement de la diversité alimentaire (et donc des aliments dit « sains »). Tandis qu’un apport calorique régulièrement insuffisant (dû à un déficit de féculents) le conduira à rechercher « de la calorie » dans l’absolu et donc des aliments pourvoyeurs de gras et de sucre, pas vraiment des saints en termes de diététique (ni saints, ni sains). Donc, sauf exception personnelle, et à condition d’être suivi par un professionnel, il vaut mieux consommer des féculents à chaque repas, afin d’avoir « le strict minimum » en termes de carburant alimentaire.
« Je n’y peux rien c’est ma génétique »
Il existe parfois un sentiment d’injustice voire de fatalité chez certaines personnes n’arrivant pas à perdre du poids. On entend souvent dire que « de toute façon, c’est ma génétique, c’est comme ça ». Mais, même s’il existe des facteurs génétiques expliquant la facilité à prendre du poids, cela ne justifie pas le fait d’être en situation de surpoids ou d’obésité. Mis à part certains peuples d’Océanie, la forte corpulence, n’est généralement pas signe de bonne santé, ou en tout cas, elle est un facteur de risque d’un grand nombre de maladies. On estime que seulement 2 personnes obèses sur 100 présentent ce qu’on appelle une « obésité saine », qui est pour le coup vraiment génétique. Ces personnes ont des bilans sanguins équilibrés – identique à ceux des personnes à IMC moyen – et ne présentent pas de risques de complication. C’est leur morphologie naturelle. Pour les 98 autres, il y aura toujours un intérêt médical à rechercher la perte de poids. Ne voyez donc pas dans votre surpoids, un « coup du sort » contre lequel rien n’est possible. En vous faisant accompagner intelligemment (par un diététicien si vous en ressentez le besoin, ou par la Brigade de Véro, si vous êtes plus en confiance), vous arriverez à perdre ces kilos qui vous tracassent tant.
« Il ne faut jamais sauter de repas »
Le jeûne séquentiel ou le jeûne intermittent, récemment mis en avant ces dernières années, on complètement rebattu les cartes sur les sujets du « sautage de repas ». En effet, à une époque, on considérait que sauter un repas n’était pas bon pour la santé, mais avec le temps on s’est rendu compte que cela n’était pas si mauvais que cela, voire même que c’était pour certains, bénéfiques. Comme quoi, certains mythes ont la vie dure. Mais, vous le savez maintenant, le plus important, n’est pas le repas ou l’heure du repas, mais bien son adéquation à vos besoins et la présence ou non de la sensation de faim. En effet, il vaut mieux ne pas manger le matin par exemple si vous n’avez pas faim, plutôt que de suivre l’idée selon laquelle le petit-déjeuner est indispensable. Ce sont les industriels qui ont inventé cela, pas les scientifiques ou les médecins.
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Et voilà, en espérant que vous avez apprécié ces petites mises en point, qui, à défaut de vous faire perdre du poids, vous permettront au moins de briller en société !
Sources :
- https://www.who.int/fr/health-topics/obesity#tab=tab_1
- https://www.gros.org/
- Baker L. B. (2019). Physiology of sweat gland function: The roles of sweating and sweat composition in human health. Temperature (Austin, Tex.).
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